L'histoire de la physique peut être lue comme un grand et spectaculaire récit, non pas celui d'un progrès linéaire, mais celui d'une interaction profonde entre deux idées opposées et pourtant complémentaires : la quête d'un fondement absolu et universel, et la compréhension toujours plus fine de la relativité de la perspective. L'idée reçue selon laquelle Einstein aurait introduit la "relativité" dans un monde d'"absolus" est une simplification. L'histoire réelle est bien plus subtile et révèle une dynamique qui se poursuit encore aujourd'hui.
Les Deux Traditions : l'Absolutisme de Newton face au Trio Relativiste
La Quête de l'Absolu (La Tradition Newtonienne) : La vision d'Isaac Newton était celle d'une réalité observée du point de vue de Dieu. Il cherchait une scène unique et immuable (l'espace absolu ) sur laquelle une horloge universelle unique (le temps absolu ) mesurait le déroulement des événements. Pour Newton, les lois de la physique étaient absolues parce que le cadre dans lequel elles opéraient était lui-même absolu. Bien qu'il se soit indéniablement appuyé sur les travaux de Galilée sur l'inertie, le principe de relativité n'était pas son point de départ philosophique. Pour Newton, tout mouvement était en fin de compte absolu ; la relativité observée par Galilée n'était qu'une conséquence pratique de la difficulté à identifier le véritable référentiel cosmique, l'authentique repos. Le but était de surmonter les limitations de la perspective pour découvrir l'état véritable des choses.Le Triomphe de la Relativité (La Tradition Galilée-Einstein-Nottale) : En contraste saisissant, la tradition révolutionnaire de Galilée, Einstein et Nottale se définit par l'élargissement progressif du domaine du relatif. Chacun d'eux a approfondi le principe de relativité en montrant que de plus en plus d'aspects de la réalité dépendaient du contexte de l'observateur.Galilée a rendu lemouvement uniforme relatif, brisant l'idée du repos absolu.Einstein a rendu l'espace et le temps eux-mêmes relatifs, démolissant la scène figée de Newton.Nottale rend lagéométrie et la structure relatives à l'échelle d'observation.
La Relativité comme Barrière Ultime à une Simulation Globale
Une simulation est, par essence, une construction Newtonienne. Elle exige un cadre absolu : une unique "horloge maîtresse" (le cycle du processeur de l'ordinateur) et une unique "grille absolue" (la mémoire de l'ordinateur) sur laquelle l'état de l'univers entier est défini à chaque instant. Une simulation est, par définition, un point de vue divin.Un univers relativiste , cependant, nie fondamentalement l'existence d'un tel point de vue privilégié.La relativité d'Einstein a montré qu'il n'existe pas de "maintenant" absolu à travers l'univers ; différents observateurs ont différentes "tranches" de simultanéité. Comment une simulation, qui procède étape par étape, pourrait-elle capturer une réalité sans "étape" universelle ? La relativité de Nottale approfondit ce problème à l'infini. Elle suggère qu'il n'existe même pas de "grille" géométrique unique et absolue sur laquelle exécuter la simulation. Le tissu même de la "mémoire" de la simulation devrait changer de structure en fonction de l'échelle à laquelle un processus se déroule. Cette vision d'un univers "multi-calculable" , où d'innombrables contextes computationnels (les lois à chaque échelle) coexistent et sont reliés par un méta-principe, est structurellement incompatible avec une simulation unique et monolithique.
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